Une idée reçue revient fréquemment dans les discussions sur la transition énergétique en Afrique : la croyance selon laquelle le continent devrait choisir entre laisser ses ressources pétrolières et gazières sous terre pour développer et étendre sa capacité en énergies renouvelables, ou se concentrer sur l’exploitation du pétrole et du gaz au détriment des investissements dans les énergies propres.
Cette représentation est inexacte et ne contribue en rien à la réalisation d’une transition énergétique juste et durable pour l’Afrique. Les économies africaines — en particulier celles d’Afrique centrale — ont besoin d’une approche équilibrée et diversifiée, qui reflète à la fois leurs réalités nationales actuelles et leurs objectifs de durabilité à long terme.

Le pétrole et le gaz demeurent essentiels aux revenus publics, aux budgets nationaux et aux systèmes d’infrastructures régionales. Ils soutiennent la stabilité fiscale et fournissent la base financière de la planification du développement. Il serait irréaliste et économiquement déstabilisant pour les États dépendants de ces ressources d’y renoncer brusquement.
Dans le même temps, le continent ne peut ignorer la montée mondiale des énergies propres, la nécessité d’adopter des trajectoires de développement à faibles émissions de carbone, ni les avantages stratégiques liés à la construction de systèmes énergétiques résilients et décentralisés fondés sur les renouvelables.

Les actions et le plaidoyer du CABEF reflètent cette dualité. Le Système de Pipeline d’Afrique Centrale (CAPS) renforce la logistique énergétique régionale, améliore la sécurité d’approvisionnement et soutient le commerce intra-africain. Parallèlement, la nouvelle initiative Central Africa Renewable Energy Solutions (CARES) vise à accélérer le déploiement des énergies renouvelables, améliorer les environnements réglementaires et soutenir les pays souhaitant diversifier leur mix énergétique.

Ces deux programmes ne sont ni contradictoires ni incompatibles. Ils constituent des piliers complémentaires d’une stratégie énergétique globale. CAPS répond à la demande actuelle et comble les limites des infrastructures existantes, tandis que CARES prépare la région à améliorer sa compétitivité future, attirer davantage d’investissements et favoriser une croissance alignée sur les enjeux climatiques.
Une transition pragmatique pour l’Afrique centrale nécessite la coexistence des hydrocarbures et des énergies renouvelables. Cela exige une coopération régionale coordonnée, l’élaboration de cadres juridiques et politiques garantissant stabilité et attractivité, ainsi qu’une planification à long terme ciblée.

Je ne saurais trop insister sur ce point : l’Afrique en général, et l’Afrique centrale en particulier, n’ont pas besoin de choisir entre le pétrole et le gaz d’un côté, et les énergies renouvelables de l’autre. Il faut au contraire renforcer les efforts visant à intégrer les deux de manière à soutenir le développement économique d’aujourd’hui et la sécurité énergétique de demain.
Alors que le CABEF poursuit son travail à travers la région, notre priorité demeure la diversification. Nous encourageons les acteurs internationaux à ne pas percevoir cette approche comme un compromis, mais plutôt comme une voie stratégique vers un avenir énergétique souverain, résilient et durable.

Koketso Lediga
Vice-présidente, Comité des Énergies Renouvelables – CABEF

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