La Société Nationale de Raffinage (SONARA), unique raffinerie de pétrole au Cameroun, a été créée en 1976 à Limbé avec une capacité initiale de 2 millions de tonnes par an. Conçue pour traiter des bruts comme l’Arabe Léger et le KOLE camerounais, elle a démarré dans un contexte d’économie dirigée, en se concentrant sur la transformation du pétrole brut local fourni par la Société Nationale des Hydrocarbures (SNH).
Le principal objectif de la SONARA est d’assurer l’approvisionnement exclusif du marché camerounais en produits pétroliers finis, tels que l’essence, le gasoil, le kérosène et le fuel-oil, vendus à des prix fixes par l’État. À ses débuts, la raffinerie visait à satisfaire la demande intérieure tout en exportant uniquement les excédents structurels, comme le fuel-oil lourd issu du KOLE, un brut lourd donnant environ 40 % de produits noirs. Les revenus d’exportation en devises étaient reversés à la SNH, renforçant ainsi la stabilité économique et la sécurité énergétique du Cameroun.
Au fil des ans, le traitement des bruts a évolué pour s’adapter à la demande croissante en produits blancs, comme le super et le gasoil. Initialement centrée sur le KOLE, la SONARA a introduit, dans les années 1990, des cocktails de bruts légers importés, tels que les nigérians Brass River et Bonny Light, mélangés aux locaux comme le KOLE et l’EBOME. Cette stratégie, née de la libéralisation du secteur pétrolier, a permis d’améliorer la marge de raffinage tout en protégeant la raffinerie des fluctuations des prix mondiaux, tout en maintenant un quota de 80 % sur le marché national.
En 2010, la SONARA a lancé un projet ambitieux d’extension et de modernisation, divisé en phases, pour accroître sa capacité et son efficacité. La phase 2 prévoyait notamment l’installation d’un hydrocraqueur à basse conversion, capable de transformer les distillats et le fuel lourd en produits nobles de haute valeur.
Malheureusement, un incendie majeur a frappé la raffinerie le 31 mai 2019, à la suite d’une explosion dans la zone de séparation du naphta, endommageant quatre des treize unités de production et entraînant une suspension totale des opérations. Cet incident a entraîné la déclaration d’un cas de force majeure, impactant l’approvisionnement en carburants et obligeant le Cameroun à importer massivement, avec des conséquences économiques notables.
Aujourd’hui, la réhabilitation de la SONARA s’accélère grâce au Plan d’Accélération pour la Reprise du Raffinage de la SONARA en 24 Mois (PARRAS 24), adopté en août 2025 par le conseil d’administration. Ce programme est structuré en plusieurs phases pour relancer et moderniser les opérations :
Objectif principal de PARRAS 24 : Restaurer les unités sinistrées (4 sur 13) et remettre en conformité les unités non sinistrées afin de reprendre l’activité de raffinage avec une capacité de 3,5 millions de tonnes par an sur le site de Limbé d’ici fin 2027, en s’appuyant sur les actions en cours pour une relance sécurisée et fiable.
Phase 2 (2028-2030) : Équiper la raffinerie d’un hydrocraqueur et d’unités de conversion (comme l’hydrocraquage basse conversion), permettant d’augmenter le traitement d’une plus grande proportion de bruts camerounais lourds (tels que le KOLE), de convertir les résidus en produits nobles (essence, gasoil, kérosène) et d’améliorer la marge de raffinage tout en respectant les normes environnementales.
Étape 3 (2031-2035) : Mettre en place un deuxième train de distillation atmosphérique et un hydrocraqueur supplémentaire, ajoutant une capacité de production de 3,5 millions de tonnes supplémentaires, favorisant l’autosuffisance énergétique du Cameroun, la réduction des résidus (de 40 % à 18 %) et générant des gains économiques et environnementaux importants.
L’équipe du Cabef
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