Le gouverneur de la Banque des États de l’Afrique Centrale (BEAC) a lancé récemment un cri de détresse concernant les importations massives de carburants au sein de la Communauté Économique et Monétaire de l’Afrique Centrale (CEMAC). Cette situation préoccupe les autorités régionales et met en lumière une dépendance croissante et préoccupante aux produits pétroliers importés.
Selon les données de la Direction Générale du Trésor français et de la BEAC, les importations de produits pétroliers dans la région de la CEMAC ont connu des variations significatives au cours des dix dernières années. En 2021, la production pétrolière régionale a atteint 39,2 millions de tonnes, soit environ 770 000 barils par jour. Cependant, ces chiffres représentent une baisse de 11 % par rapport à 2020 et de 15 % par rapport à 2019.
Les revenus tirés du secteur pétrolier ont également diminué, avec une baisse de 5 % de la part du secteur pétrolier dans le Pib régional.
Bien que la CEMAC dispose de ressources pétrolières importantes et de raffineries de pétrole brut au Cameroun et au Tchad, des incidents et des fermetures d’installations ont exacerbé le recours massif aux importations.
Avant l’incendie du 31 mai 2019 qui a ravagé la Société nationale de raffinage (Sonara) au Cameroun, cette raffinerie jouait un rôle majeur en Afrique. Elle produisait environ 10 millions de litres de pétrole brut par jour soit 63 025 barils de pétrole par jour. Depuis cet incident, toutes les unités de production sont à l’arrêt, ce qui entraîne une absence totale de données sur le traitement du brut. De même, la raffinerie du Tchad, avant sa fermeture en 2020, produisait environ 20 000 barils par jour, soit environ un million de tonnes par an. Des événements qui ont accentué la dépendance aux importations.
En plus de causes évoquées en amont, l’on a également l’impact de la pandémie de Covid-19 et les tensions géopolitiques mondiales, notamment le conflit entre Russie et Ukraine. Les importations de produits pétroliers continuent d’augmenter, mettant en évidence la fragilité énergétique de la région. Confrontée à cette situation inquiétante, la BEAC a lancé un appel pressant pour sensibiliser les acteurs du secteur dans la sous-région.
Le projet Caps comme solution
Face à cette situation critique, il devient impératif que les pays de la CEMAC collaborent, afin de mettre en place des raffineries stratégiques dans la région. Le Central Africa Business Energy Forum (CABEF) préconise un projet ambitieux nommé CAPS (Central Africa Pipeline System), visant à la construction d’un pipeline sous-régional commun. Ce projet vise à résoudre la pauvreté énergétique tout en favorisant une coopération sud-sud solide dans le secteur énergétique en Afrique centrale.
L’initiative du projet Caps pourrait permettre de réduire la dépendance aux importations, renforcer la sécurité énergétique et lutter contre la fuite des capitaux liée à l’importation excessive de produits pétroliers.
Le projet Caps transportera les produits pétroliers et du gaz à travers 11 pays d’Afrique, avec des infrastructures de transformation et de distribution énergétique tout au long de son tracé.
Cela créera des emplois et favorisera le développement industriel dans la sous-région. Le CABEF appelle à une adhésion massive des pays de la CEMAC et de la CEEAC afin de mettre en œuvre le projet Caps.
Le Caps transportera du pétrole et du gaz à travers 11 pays d’Afrique. Des infrastructures de traitement et de transformation énergétique seront construites le long du parcours, créant ainsi des emplois et favoriser le développement industriel dans la sous-région.
En somme, l’appel urgent du gouverneur de la BEAC met en lumière le défis auquel est confrontée la région de la CEMAC en matière d’approvisionnement en carburants. De plus en plus soumise à des importations massives de carburant le continent gagnerait à mettre en place des stratégies dans l’optique de résoudre cette situation devenue inquiétante.
il faut que une indépendance économique